Le noyer

Octobre est le mois où tous les amis de ma mère se retrouvent à la maison pour se prosterner au pied du chef incontesté du jardin : le noyer, alias Juglans regia gigantus. Commençant vers la fin septembre (tôt cette année), il donne jusqu'à fin octobre de quoi nourrir la moitié du quartier jusqu'à l'année prochaine. Quand nous étions huit à la maison, on s'en sortait encore, mais maintenant que nous ne  sommes plus que deux, l'aide des voisins et amis n'est pas de trop pour écouler le stock. La blague préférée de ma mère est de demander à quelqu'un qui repart en portant péniblement ses grands sacs pleins à ras bord : "Tu es sûr(e) qu'elles viennent de chez nous ?"
Le ramasseur (perplexe) "Pourquoi ?"
Ma mère "Il y en a toujours autant..."
(Ça fait presque trois semaines et on commence à en voir le bout)

Lorsque les élagueurs sont venus après la tempête de 1999 pour couper les branches d'un de nos tilleuls affalé sur un transformateur (rassurez-vous, ni le transfo ni l'arbre n'ont été blessés, une grosse fourche s'est casée pile sur un coin du transfo), ils ont estimé l'âge de notre géant à 80-85 ans. Il devrait donc en avoir plus ou moins 90 maintenant. Sachant que le terrain de la maison a été acheté par le premier propriétaire en 1903, ça colle à peu près. Juglans regia a donc 90 à 100 ans et il est presque aussi grand que la maison.

Il nous cause pas mal d'angoisses car, s'il est en pleine forme biologique, il a un léger problème de maintien. C'est assez visible sur la photo, mais je vous ai fait un croquis pour mieux vous expliquer les choses :

Vous ne rêvez pas, notre noyer ressemble à un arbre qui aurait passé toute sa vie au bord de mer, tentant bien que mal de faire face au vent, mais ici c'est causé par le poids de ses branches. il faut savoir que notre Juglans a un frère, planté à une dizaine de mètres, ce qui fait un arbre de trop. Lui a mis toutes ses branches d'un côté, et le poids l'a emporté, et l'autre a poussé en hauteur et ressemble à un peuplier new age (depuis la tempête de 99, ils sont à nouveau presque parallèles).
Le croquis a été décalqué sur la photo ci dessus ; je n'ai pu trouver que deux branches maîtresses dans le fouillis vert que m'a sorti mon imprimante, même si je sais qu'il y en a d'autres. La ligne qui part en biais à mi-hauteur du tronc est une grosse branche que nous tentons de maintenir avec un 'tuteur' qui n'est autre qu'un montant de lit (ça vous donne une idée de la taille de l'ensemble ; la surface sous les branches est celle d'un petit appartement !). La bosse à droite du tronc représente les racines qui sortent sur plus d'un mètre.
D'après le voisin (agriculteur) et le jardinier qui vient tailler une fois par an, il va peu à peu s'affaisser, jusqu'à reposer sur le sol. Nous avons tenté de l'alléger en coupant toutes les branches qui touchent le sol ; les travaux ont été interrompus le temps que les noix finissent de mûrir et tombent.
Toujours selon l'agriculteur, sa remarquable vivacité est due au fait qu'une partie de ses racines donne certainement dans la petite rivière qui passe à côté du jardin. Il ne devrait pas donner autant de noix autrement.
Je vous laisse deviner la cote qu'on a auprès des écureuils...

Comments

[Kréon]

tres joli noyer en effet. il est dommage qu'un si bel arbre soit en si mauvaise posture. Il doit tout de meme rester un excellent endroit pour révasser durand l'été et meme le debut de l'automne, assis sur sa racine, le dos nonchalament appuyé sur le tronc, regardant les ecureils. sinon, je doit avuer que votre chere mère a un tres bon sens de l'humour ( :D ).

[ti soleil]

Tu peux nous envoyer quelques noix, Simon adore ;-)))
Il est beau cet arbre penché !